Émilie Simon - The Big Machine (2009)
1 - Rainbow
2 - Dreamland
3 - Nothing To Do With You
4 - Chinatown
5 - Ballad Of The Big Machine
6 - The Cycle
7 - Closer
8 - The Devil At My Door
9 - Rocket To The Moon
10 - Fools Like Us
11 - The Way I See You
12 - This Is Your World
1 - Rainbow
2 - Dreamland
3 - Nothing To Do With You
4 - Chinatown
5 - Ballad Of The Big Machine
6 - The Cycle
7 - Closer
8 - The Devil At My Door
9 - Rocket To The Moon
10 - Fools Like Us
11 - The Way I See You
12 - This Is Your World
«Je laisse aller, me laisse
inhaler, mon opium» avouait Émilie
Simon sur son dernier album, Végétal (2006). Alors qu'a t-elle pris pendant l'enregistrement de The
Big Machine? A t-elle inhalé de l'hélium? Cette voix, ce disque, cette fille, sont complètement déjantés. Les dernières secondes de
l'album écoulées, j'ai voulu me rappeler la dernière fois où j'avais ressenti cette exubérance sur un album de pop. Et j'ai trouvé:
Cindy Lauper, She's So Unusual (1983).
Il y a du Cindy Lauper en Émilie Simon! Après l'unanimité autour du très soigné Végétal, The Big Machine a beaucoup divisé. Trop référencé, trop eighties, trop kitsch. Végétal, plus introverti, n'a pas la spontanéité de The Big Machine, qui en prend esthétiquement le contrepied. Moins
unifié et «conceptualisé» que son prédécesseur, ce nouvel album lui est peut-être pourtant supérieur.
Les premières mesures de «Rainbow»
donne le ton de The Big Machine tout comme celles d'«Alicia» donnait le ton de Végétal. Autant «Alicia» était étrange et lunaire, misant sur les demi-teintes, autant «Rainbow»
est direct, privilégiant des couleurs
primaires saturées. Les paroles d'«Alicia» étaient très ciselées, Rainbow
pioche dans les idiomatismes de la pop
anglo-saxonne. Pas grave: le titre libère
d'emblée cette énergie positive qui jamais ne quittera l'album. Le refrain a la simplicité de l'évidence. Cet album,
n'était le style vocal théâtral de l'artiste, n'évoque Kate Bush que
d'assez loin la plupart du temps, excepté sur «Nothing To Do With You». Le voilà le fameux titre qui rappelle tant
l'artiste anglaise période «Babooshka».
Alors oui, par moments la resemblance est
troublante. Et oui, les toms un peu tribaux et les choeurs additionnels
évoquent de loin Hounds
Of Love (1985).
Le son de la pop eighties occupe une place importante sur The Big Machine. Les premières mesures au beat lourd de «Dreamland», son gimmick mélodique et synthétique, ont tout à fait
leur place entre «Electricity» d'OMD
et «Everything Counts» de Depeche
Mode, au même grain sonore. The Big Machine procède par larges touches de synthés vintages. «The Cycle», un titre up-tempo est un
des temps forts de l'album. Comme sur «Dreamland», l'influence de la new-wave anglaise est là encore nettement audible. L'instrumental fourmille de
détails sonores, comme d'ailleurs tout l'album, et donne une impression de vitalité extraordinaire à cette musique. Mais c'est avec la très kitsch et sucrée «Closer» que les années 1980 sont les plus perceptibles:
de retour les Simmons SDSV et leurs pads octogonaux. De retour le son de
l'italo-disco… Et ça
passe! Haut la main même, tant la générosité mélodique est grande. Quant à «Rocket
To The Moon», ceux et celles qui ont aimé
Kid Créole And The Coconuts
aimeront sans doute les premières mesures de ce titre car c'est la même
formule gagnante qui y est appliquée: des cuivres tout droit sortis d'un big band des années 30,
matinés de pop léchée. Des claquements de doigts, quelques «baby, baby» ternaires et jazzy pour un résultat musical léger et festif. Le
refrain, pop et coloré, est addictif encore et toujours!
Deux ballades sur ce disque. «Ballad Of The Big Machine», aux belles harmonies, débute de façon étonnament
sobre sur le plan vocal, une fois n'est pas coutume. Répit de courte durée avant un
final incendiaire. Émilie Simon minaude, et puis soudain l'émotion
s'empare de l'auditeur. «Fools Like Us», après un début qui rappelle l'artiste période Végétal retrouve cette nouvelle signature vocale.
Le titre délaisse cette fois la langue
anglaise pour le français.
Quelques titres ont des productions plus actuelles. Sur le très dance «The Way I see You», les paroles du refrain, seulement soutenues par le piano laissent enfin le loisir d'apprécier la voix de la belle, presque a cappella. Et quelle voix! Chipie, acidulée, agaçante et désarmante. L'impact à l'écoute de cet album réside précisément dans ce qu'on a pu lui reprocher: son extraversion vocale: la voix d'Émilie Simon est le personnage principal de The Big Machine. Modulée à l'extrême, elle minaude sur «The Devil At My Door», acomplit des acrobaties Katebushiennes sur «Nothing To Do With You», trépigne sur «Chinatown», mais sait aussi être simplement émouvante sur «Ballad Of The Big Machine». Alliée d'une imagination et d'une prégnance mélodique de tous les instants, cette voix les sublime. «This Is Your World», est le bouquet final
de ce feu d'artifice sonore d'où l'on ressort un peu épuisé mais comblé.
The Big Machine est une imparable collection de popsongs, aux instrumentaux accrocheurs et refrains qui font mouche. Un album irrésistible.
✰ ✰ ✰ ✰ ✰ ✰