«Malgré ses ambitions et son
talent, Tears For Fears n'a pourtant jamais dépassé une certaine froideur
clinique» regrette Mischka Assayas dans son Dictionnaire du rock. Froideur ça se discute, mais clinique, le mot est mal choisi. Que les albums The Hurting (1982)
et Songs From The Big Chair, synthétiques et new-wave,soient
froids, c'est entendu. Mais The Seeds Of Love,plus noir, mâtiné de soul et de gospel, non! Car si
froideur il y a, celle-ci se situe en aval de la musique, au niveau de la
production, à l'effet «papier glacé» à force de beauté plastique. Somptueuse et
somptuaire -la réalisation de ce
disque coûtaplus d'un million de
livre sterling - elle pourrait faire passer Dark Side Of The Moon pour du rock lo-fi. Les huit titres de The
Seeds Of Love,sont d'une qualité, de composition, d'arrangements, de
mixage/production inouïe, qui jamais n'intimide mais bien au contraire séduit,
puis subjugue! Enfin, en plus d'être un
grand moment de musique cet album est un objet désirable: pochette magnifique
et baroque, dont la profusion de détails et les couleurs éclatantes semblent un
clin d'oeil à celle du Sergent Pepper's des Beatles.
Les mesures introductives de la superbe «Woman In Chains», révèlent
un art de la mise en scène sonore admirable. Ici un gimmick de basse, là une
descente de toms, une ponctuation de charley qui trahissent un perfectionnisme
maniaque, et qui loin d'anesthésier l'émotion la révèlent. La chanson, aborde
un sujet sensible, celui des femmes battues. Oleta Adams, ardente et à la
sincérité non feinte, vient dès le début de cet album presque parfait, briser
la glace et donner à «Woman In Chains» sa profondeur. Les arrangements, magnifiques, font
progressivement gagner la chanson en ampleur et feront de ce single un immense succès public, à juste titre. Parler d'orfèvrerie musicale pour qualifier cette chanson n'est pas
excessif, de même que pour le fascinant «Standing On The Corner Of The Third World».
Les accords ici, qui à défaut d'être ceux du jazz sont tout juste «jazzy»,
enrichisd'à peine quelques
avantageuses septièmes, s'il n'y avait qu'eux, ne seraient rien. Leurs
enchainements habiles et sinueux tirent déjà la musique vers une sophistication
certaine. L'effectif instrumental pléthorique, les alliages de timbres
éblouissants, étourdissants, produisent, eux, des variations de lumières
véritablement kaléidoscopiques. Ironie non des moindres, ce
titre au grand coeur sur le tiers-monde, «the third world»,n'a recours pour le dépeindre à rien de
moins qu'à une débauche de moyens sonores et musicaux d'un luxe si ostentatoire
qu'il en est réellement insolent! Après cette pépite soul, «Badman's
Song»tire l'album du côté du
gospel: plus précisément d'une fastueuse «reconstitution» car rien n'est plus éloigné
de la ferveur et de spontanéité du gospel que «Badman's Song», à la mise en
place millimétrée et aux mille détails soigneusement agencés. Le travail de
production - qui laisse pantois - rend ce titre jubilatoire. La pianiste et
chanteuse de jazz Oleta Adams hisse, par sa prestation, la musique à un niveau
de jeu rarement entendu sur un album de pop ou de rock.Il est rare qu'un tel plaisir physique
de jouer de la musique transparaisse à ce point dans ce repertoire. Les versions live de la chanson donnent à entendre des musiciens d'un
niveau réellement impressionnant. Et sur «Sowing The Seeds Of Love»,
la performance vocale de Roland Orzabal est juste bluffante. Le flow du chanteur, très au fond du temps, son timbre mat et mordoré sont la preuve qu'en
plus d'être un songwritter doué, le chanteur sait être un interprète
exceptionnel: sa reprise, "copie carbone" de «Ashes To Ashes»l'a rappelé par le passé. Cette très beatlesienne
«Sowing The Seeds Of Love» fait revivre les productions chamarrées de Georges
Martin pour les albums Magical Mistery Tour et Sergent Pepper's des Fab Four.Chanson à tiroir, pleine de digressions, de pont, de courts solos, elle prend des allures de symphonie pop. Même le très limpide «Year Of The Knive», titre le plus speed et accrocheur de l'album - et peut-être également le moins subtil - s'autorise également ces raffinements de structure; ainsi cette plongée en eaux troubles entre un solo de guitare et un couplet. Placé entre la salve de cet dernier titre et le flamboyant «Standing On The Corner Of The Third World», «Swords And Knives» parait
sobre en comparaison, tout comme le très vespéral «The Famous Last Words» qui clot ces cinquante minutes de pur plaisir dans une sourde tristesse. Ce triptyque est introduit par un piano
minéral et pensif, un Roland Orzabal revenu de tout et apaisé, sur des
harmonies minimales. «After the wash/Before the fire», car feu il y a: celui d'un
rock classique et au goût très sûr mais néanmoins plein de panache avant le retour de
la première partie.
Émilie Simon - The Big Machine (2009) 1 - Rainbow 2 - Dreamland 3 - Nothing To Do With You 4 - Chinatown 5 - Ballad Of The Big Machine 6 - The Cycle 7 - Closer 8 - The Devil At My Door 9 - Rocket To The Moon 10 - Fools Like Us 11 - The Way I See You 12 - This Is Your World
«Je laisse aller, me laisse
inhaler, mon opium» avouait Émilie
Simon sur son dernier album, Végétal (2006). Alors qu'a t-elle pris pendant l'enregistrement de The
Big Machine? A t-elle inhalé de l'hélium? Cette voix, ce disque, cette fille, sont complètement déjantés. Les dernières secondes de
l'album écoulées, j'ai voulu me rappeler la dernière fois où j'avais ressenti cette exubérance sur un album de pop. Et j'ai trouvé:
Cindy Lauper, She's So Unusual (1983).
Il y a du Cindy Lauper en Émilie Simon! Après l'unanimité autour du très soigné Végétal, The Big Machine a beaucoup divisé. Trop référencé, trop eighties, trop kitsch. Végétal, plus introverti, n'a pas la spontanéité de The Big Machine,qui en prend esthétiquement le contrepied. Moins
unifié et «conceptualisé» que son prédécesseur, ce nouvel albumlui est peut-être pourtant supérieur.
Les premières mesures de «Rainbow»donne le ton de The Big Machine tout comme celles d'«Alicia»donnait le ton de Végétal. Autant «Alicia»était étrange et lunaire, misant sur les demi-teintes, autant «Rainbow»est direct, privilégiant des couleurs
primaires saturées. Les paroles d'«Alicia»étaienttrès ciselées, Rainbow
pioche dans les idiomatismes de la pop
anglo-saxonne. Pas grave: le titrelibère
d'emblée cette énergie positive qui jamais ne quittera l'album. Le refrain a la simplicité de l'évidence. Cet album,
n'était le style vocal théâtral de l'artiste, n'évoque Kate Bush que
d'assez loin la plupart du temps, excepté sur «Nothing To Do With You». Le voilà le fameux titre qui rappelle tant
l'artiste anglaise période «Babooshka».
Alors oui, par moments la resemblance est
troublante. Et oui, les toms un peu tribaux et les choeurs additionnels
évoquent de loinHounds
Of Love (1985).
Le son de la pop eighties occupe une place importante sur The Big Machine. Les premières mesures au beat lourd de «Dreamland», son gimmick mélodique et synthétique, ont tout à fait
leur place entre «Electricity»d'OMD
et «Everything Counts»de Depeche
Mode, au même grain sonore. The Big Machine procède par larges touches de synthés vintages. «The Cycle», un titre up-tempo est un
des temps forts de l'album. Comme sur «Dreamland», l'influence de la new-wave anglaise est là encore nettement audible. L'instrumental fourmille de
détails sonores, comme d'ailleurs tout l'album, et donne une impression de vitalité extraordinaire à cette musique. Mais c'est avec la très kitsch et sucrée «Closer» que les années 1980 sont les plus perceptibles:
de retour les Simmons SDSV et leurs pads octogonaux. De retour le son de
l'italo-disco… Et ça
passe! Haut la main même, tant la générosité mélodique est grande. Quant à «Rocket
To The Moon», ceux et celles qui ont aimé
Kid Créole And The Coconutsaimeront sans doute les premières mesures de ce titre car c'est la même
formule gagnante qui y est appliquée: des cuivres tout droit sortis d'un big band des années 30,
matinés de pop léchée. Des claquements de doigts, quelques «baby, baby» ternaires et jazzy pour un résultat musical léger et festif. Le
refrain, pop et coloré, est addictif encore et toujours!
Deux ballades sur ce disque. «Ballad Of The Big Machine», aux belles harmonies, débute de façon étonnament
sobre sur le plan vocal, une fois n'est pas coutume. Répit de courte durée avant un
final incendiaire. Émilie Simon minaude, et puis soudain l'émotion
s'empare de l'auditeur. «Fools Like Us», après un début qui rappelle l'artiste période Végétal retrouve cette nouvelle signature vocale.
Le titredélaisse cette fois la langue
anglaise pour le français.
Quelques titres ont des productions plus actuelles. Sur le très dance «The Way I see You», les paroles du refrain, seulement soutenues par le piano laissent enfin le loisir d'apprécier la voix de la belle, presque a cappella. Et quelle voix! Chipie, acidulée, agaçante et désarmante. L'impact à l'écoute de cet albumréside précisément dans ce qu'on a pu lui reprocher: son extraversion vocale: la voix d'Émilie Simon est le personnage principal de The Big Machine.Modulée à l'extrême, elle minaude sur«The Devil At My Door», acomplit des acrobaties Katebushiennes sur «Nothing To Do With You», trépigne sur «Chinatown», mais sait aussi être simplement émouvante sur «Ballad Of The Big Machine». Alliée d'une imagination et d'une prégnance mélodique de tous les instants, cette voix les sublime. «This Is Your World», est le bouquet final
de ce feu d'artifice sonore d'où l'on ressort un peu épuisé mais comblé.
The Big Machine est une imparable collection de popsongs, aux instrumentaux accrocheurs et refrains qui font mouche. Un album irrésistible.
Jean-Philippe Rameau - Nouvelles Suites de pièces de clavecin (1728)
Suite en la
1 - Allemande
2 - Courante
3 - Sarabande
4 - Les Trois Mains
5 - Fanfarinette
6 - La Triomphante
7 - Gavotte et ses Doubles
La Suite en la interprétée par Frédérick Haas
sur un clavecin Henri Hemsch de 1751
École française de clavecin: derrière cette appellation a posteriori et musicologique se trouve un vivier de compositeurs passionnants et un apogée musical pour la musique française de la période baroque. Jacques Champion de Chambonnières (1601-1672) est le «père fondateur» de cette École, en
composant le premier livre de pièces de clavecin édité en France en 1670, bien que composé à une date nettement antérieure. Jacques Duphly (1715-1789), d'une certaine manière la ferme, en
étant le dernier musicien à consacrer l'intégralité de son œuvre au clavecin, déjà en passe d'être délaissé au profit du nouveau piano-forte. Quant à Jean-Philippe Rameau (1683-1764), il est devenu, au fil du temps, et avec François Couperin (1668-1733), le plus
illustre représentant de cette école, par la qualité de sa production. Rameau laisse trois livres de pièces de
clavecin, édités en 1706, 1724 et 1728: en tout cinq suites. La Suite en la est la quatrième. Cette suite comporte bien sûr sont lot de pièces de danse. Les trois premières, Allemande, Courante, Sarabande, viennent rappeler que la suite instrumentale baroque, aussi stylisée et écrite soit-elle, reste d'origine dansée. Mais à leur suite, et en nombre presque égal, des morceaux pittoresques: Les Trois Mains, Fanfarinette, La Triomphante. Un air varié conclut la suite. Description par le menu.
On a dit Rameau hautain, cassant, brusque,
agressif, avare. C'est tout l'inverse qu'on entend dans cette Allemande
liminaire, ardente.
Toute frémissante de ses «agréments», le terme français d'alors pour les notes
ornementales, elle est d'une exceptionnelle expressivité: la levée mélodique
ascendante du début, prolongée quelques mesures plus loin en tierces qui
semblent ne jamais devoir prendre fin, est suffocante d'émotion. Que le terme d'Allemande
parait soudain froid devant tant de beautés. C'est L'Implorante que Rameau aurait dû titrer cette page,
tant la voix du coeur est audible ici; cette pièce mérite amplement sa place au panthéon du
clavecin baroque. Et Rameau sur un piano moderne? La Courante, dont chacun des innombrables sauts de quarte atterrit sur un «mordant», ce battement très rapide entre deux notes conjointes, tranche le débat sur le choix de l'instrument pour la musique de clavier ramiste; clavecin assurément, dont la mécanique
légère, la sonorité incisive, colorée, sont les seules capable de
rendre la vigueur rythmique et la luxuriance ornementale de cette musique.
Combien paraîtrait fade la sonorité d'un piano moderne à côté. La Sarabande, noble et altière gagne en beauté à mesure que son interprète retient le
tempo, ce qu'ose Blandine Rannou dans son intégrale du clavecin du compositeur
en 2001, avec la version la plus longue de la discographie: la pièce perd en
maintien aristocratique ce qu'elle gagne en intériorité et émotion contenue. Les
Trois Mains, c'est
l'effet auditif de cette main gauche qui alternativement est à
gauche du clavier, ou bien dans les aigus, en passant par dessus la
main droite. Le Procédé d'écriture a été largement employé à l'époque
romantique chez Chopin, Liszt, et n'étonne plus personne aujourd'hui, bien qu'étant novateur à l'époque. Qui est Fanfarinette
auquel renvoie le titre
de la cinquième pièce? Qu'importe, car c'est aussi cela le clavecin baroque
français, ou la beauté de la musique le dispute à la poésie des titres: La Toute Belle de Champion de Chambonnières,
L'Inconstante de Jacquet
de La Guerre, Les Tendre reproches de
Dandrieu, L'Incomparable chez
Le Roux… et presque tout François Couperin dont les seules Barricades
mystérieuses pourraient
assurer l'immortalité.De caractère
paisible et confiant, Fanfarinette
est une gigue à la mélodie conjointe, en croches
caressantes, sur des arpèges de la basse. Dans la seconde partie, les quintes à vides plaquées et rustiques, font sortir Fanfarinette de sa réserve naturelle.La triomphante n'est
pas du meilleur Rameau: bavarde et répétitive, il y a peu de musique
dans cette page. Contrairement à la Sarabande, l'interprète sera bien inspiré ici en jouant cette Triomphante à un tempo vif afin de l'écourter au possible! La Gavotte
et ses six «doubles», en d'autres termes des variations, est en revanche une des pages les plus inspirées de la Suite en la. Forme binaire à reprise comme il se doit. La première partie, cérémonieuse mais expressive est dans le mode mineur alors que la seconde, aux manières plus adoucies passe au relatif majeur. Les variations de plus en plus virtuoses terminent la suite sur une note de bravoure.
Dans cette suite, l'exceptionnel côtoie l'ordinaire. La Suite en la n'en constitue pas moins une
très belle introduction au clavecin baroque français.
Tout comme Musicmakers, le précédent album d'Helen Merrill,sorti cinq ans auparavant, et qui débutait par un très à propos «Round Midnight», Clear Out Of This World est
un album de la nuit… ou disons, plutôt du soir: ici, celui d'un club de jazz à l'ambiance feutrée, aux cuirs souples et velours profonds. Très varié émotionnellement, Clear Out Of This World alterne le lyrisme pur sur «Maybe», la sensualité sur «Willow Weep For Me»,
un feeling rythmique assez irrésistible sur «Soon It's Gonna Rain», les climats sophistiqués sur
Out Of This World.
Le disque réunit six musiciens de grande classe: Helen Merrill au chant, Tom Harrell à la trompette et Wayne Shorter au saxophone selon les titres, Roger Kellaway au piano, Red Mitchell à la contrebasse, Terry Clark à la batterie.
Les mesures initiales de «Out Of This World»n'en finissent pas de me fasciner. Ce standard
d'Harold Arlen, est rendu ici dans un superbe jeu de
clair-obscur, entre les pas de velours de la contrebasse, la voix soyeuse
d'Helen Merrill, les rais de lumière du piano et les traits fusants du saxophone. C'est un un jazz très écrit
qui est proposé ici, aux arrangements très soignés. L'attention portée aux
alliages de timbres et aux éclairages, tour à tour tamisés ou diaphanes,
intimistes ou en pleine lumière, est extrême. Ainsi sur «When I Grow Too Old To dream», des miroitements de couleurs de l'introduction aux intonations atonales de la trompette de Tom
Harrell, émerge peu à peu une ballade d'un grand sentiment de plénitude. La
prise de son, réellement superlative, n'est pas étrangère à la réussite de ce disque: à la fois chaude et brillante, elle dégage une sensation d'épanouissement acoustique rare, prolongée par une réverbération extrêmement sensuelle. Quant aux musiciens, toute en détente expressive, ils sont
de haute volée. On accordera une mention spéciale au pianiste, Roger Kellaway, à la
technique sans failles et au toucher très «classique», tout particulièrement sur «Maybe»,une ballade amoureuse pour
voix et piano, ou Kellaway, serviteur pleins d'attentions de sa partenaire, est
impeccable. Et Helen Merrill y est unique: aucune autre ne sait comme elle chanter les ballades de jazz, dont elle s'est fait une spécialité, dès ce «Don't Explain», exceptionnel de poésie, sur son premier album (1954). Sur «Not Like This», Kellaway affiche une virtuosité sans failles ni complexes:
l'introduction très debussyste, qui rappelle fortement La Cathédrale Engloutie,
les ruissellements d'arpèges, le jeu très pédalisé, régaleront les amateurs de
beau piano. Cette reprise très ouvragée d'un titre de soul eighties d'Al
Jarreau rend l'original méconnaissable et le surpasse aisément. Clear Out Of This World comporte
ainsi quelques passionnantes relectures, telles «Soon It's Gonna Rain» au feeling très latin et parenthèse
ensoleillée du disque aux paroles d'amour et d'eau fraiche: «we'll find four limbs of a tree/We'll build four walls and à floor/We'll bind it over with leaves/And run inside to stay.» Quant à «I'm All Smiles», cette géniale bluette, bien
sûr il y a Barbra Streisand sur l'album People en 1964 et bien sûr Streisand
est une interprète d'exception. Mais Helen Merrill palie son déficit de
puissance vocale par une incarnation toute en suggestion. Le crescendo sur
«Someone I die for/Beg steal or lie for/[…]/And that someone is you…» est
irrésistible. «A Tender Thing Is Love»une composition originale cette fois,est par ailleurs un des meilleurs moments du disque; une valse toute en légèreté, égrenant quelques métaphores
candides sur l'amour: «Love
is a madness, a gladness, a sadness, a tender thing, Love is the rainbow, that
follows where I go»
C'est léger comme une plume et le charmetient à vrai dire à très peu de choses: une Helen Merrill
radieuse, une composition à la discrète élégance, des musiciens de grande
classe. Le jeu au balais, souple et preste, de Terry Clarke est une merveille à
lui tout seul. Et pour ne rien gâcher, le «Willow Weep For Me» qui referme l'album repousse les frontières du glamour. Helen
Merrill avait déjà livré de ce titre une versionen 1960 sur l'album Parole E Musica.Cette première incarnation, fraiche et ingénue laisse ici la place à un blues chic et sexy qui laisse s'échapper des volutes sonores du saxophone de Wayne Shorter. Dernière piste, la plus longue de l'album, «Willow Weep For Me»provoque un sentiment de détente physique, de lâcher prise, que peu de musiques parviennent à obtenir.
Les parfums capiteux de Clear Out Of This World diffusent une impression de luxe indéniable: luxe du casting, luxe de la musique et des
arrangements, luxe des climats, luxe de la production. Un
album à écouter, réécouter, goûter, connaître par coeur.